Climat : un hacker met en péril le sommet de Copenhague

Un hacker a mis en ligne un millier de mails confidentiels échangés entre les scientifiques anglais et américains du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat. Les climato-sceptiques assurent détenir les preuves que les scientifiques “pro-réchauffement climatique“ nous mentent depuis des années. Climategate ou stratégie visant à nuire au prochain sommet de Copenhague ?

La polémique agite toute la médiasphère anglo-saxonne. Grâce au travail de mystérieux hackers, les climato-sceptiques détiendraient les preuves irréfutables que les scientifiques du Groupe intergouvernemantal d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) sont prêts à truquer les données et manipuler les chiffres, pour étayer la thèse du réchauffement climatique. Faut-il y voir une action de sabotage pour empêcher la signature d’un accord sur le climat lors du prochain Sommet de Copenhague ? D’une manière ou d’une autre, cette affaire a de quoi donner du grain à moudre à Claude Allègre et consorts…
Une astuce ou une tricherie ?
Les scientifiques de l’unité de recherche climatique (CRU) travaillent sur le réchauffement climatique dans le cadre du GIEC. Suite à l’oeuvre d’un pirate informatique, 1 073 mails confidentiels échangés entre les scientifiques travaillant pour le CRU à l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) et leurs collègues américains et d’autres documents ont été rendus publics. Le CRU a confirmé vendredi 20 novembre 2009 que tous ces mails, mis en ligne mardi 17 novembre sur un blog (Air vent), étaient bel et bien authentiques. La police britannique a lancé une enquête pour savoir qui est à l’origine de ce vol. Ces mails volés et mis en ligne aussitôt étaient pour la plupart issus d’échanges entre climatologues britanniques du CRU avec leurs collègues américains.
Les climato-sceptiques se sont donc empressés de commenter les mails. Parmi eux, se trouve un mail envoyé en 1999 par Phil Jones, directeur du CRU où l’on peut lire : “Je viens juste de terminer d’utiliser l’astuce Nature (ndlr : revue scientifique renommée) de Mike (…) afin de masquer le déclin“. Et là, les commentaires vont bon train, certains y voyant là la preuve irréfutable d’une fraude. Certains parlent même de la plus grande affaire de fraude scientifique depuis Lyssenko (ndlr : Scientifique russe qui renia la génétique mendelienne).
Dans la version originale, M. Jones utilisait le mot “trick“, qui, en français, peut se traduire aussi bien par “astuce“ que par “combine“ (au sens tricher). Interrogé par Investigate Magazine sur ce fameux mail, il répond qu’il est complètement faux de penser qu’il a truqué les données mais que l’astuce en question visait à corriger des données. Quand on lui demande ce qu’il entendait par “masquer le déclin“, il répond : “C’est un mail qui date de 10 ans. Pouvez-vous vous souvenir du contexte exact de ce que vous avez écrit il y a 10 ans ?“ Le CRU commente également cette phrase à l’origine du buzz : “Le mot “trick” renvoie à “une bonne manière de traiter un problème“, plutôt que “quelque chose de secret“, et cela ne nous pose aucun problème.“ C’est dit !
Un enjeu de taille
Le GIEC publie régulièrement des rapports au cours desquels il démontre, études et chiffres à l’appui, l’impact de l’activité humaine sur le réchauffement climatique et donc, sur la nécessité de prendre des mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Autant dire que les travaux du GIEC ne plaisent pas à tout le monde…
Parmi les mails mis en ligne par les pirates informatiques, on y découvre que les scientifiques pro et anti (réchauffement climatique) se livrent une véritable guerre à coup de publications scientifiques et autres méthodes d’analyse.
Les scientifiques qui adhèrent aux travaux du GIEC reprochent notamment aux autres d’user d’arguments douteux pour remettre en cause les travaux sur le réchauffement climatique. Les sceptiques se voient généralement accusés de nourrir une vieille rancune à l’égard de leur collègues, soient parce que leurs travaux n’ont pas été publié dans une grande revue, soit parce que ces travaux sont démontés par la suite. Dans un communiqué, le CRU précise qu’il “est important de se rappeler que la science ne marche pas avec des gens qui sont polis tout le temps. (…) Aucun doute que des phrases seront sorties de leur contexte“.
Hasard ou réalité scientifique, cette affaire éclate alors même que le sommet de Copenhague, LE prochain rendez-vous sur le climat, débutera dans deux semaines, du 7 au 18 décembre 2009. Dans la capitale danoise, les dirigeants du monde entier vont devoir aboutir à de nouvelles mesures pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre après 2012, date de fin du protocole de Kyoto.
Reste à voir si ce piratage sera à l’origine d’un climategate ou s’il ne s’agit que d’un pétard mouillé qui ne fera qu’isoler un peu plus les climato-sceptiques.
Emeline Dufour
Sources :
The New York TimesInvestigate magazine Site du CRU.Click Here: cheap Cowboys jersey