Remboursement des veinotoniques : certitudes et confusions

221 médicaments ont été inscrits sur une “liste noire“ par les autorités de santé. La sanction : au 1er mars 156 médicaments utilisés par des millions de personnes seront totalement déremboursés, 62 autres seront moins bien pris en charge par l’assurance maladie. C’est le cas des veinotoniques, les seuls traitements médicamenteux permettant de soulager les personnes souffrant de troubles veineux. Explications.

En septembre dernier, la Haute Autorité de santé demandait le déremboursement de 221 médicaments, principalement des crèmes utilisées en dermatologie, des oligoéléments, des fluidifiants bronchiques, des collyres, des anti-inflammatoires, des antiulcéreux ou encore des veinotoniques. Le ministre de la santé a suivi les recommandations de ces experts mais en partie seulement : les veinotoniques bénéficiant d’un taux de remboursement à 15 % pendant 2 ans.
Une mesure politique
Cette décision, qui s’inscrit dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2006, devrait, selon le ministère de la santé, permettre d’économiser 120 millions d’euros. Mais cette mesure est peu appréciée par nombre de phlébologues qui risquent de se retrouver démunis devant la souffrance de leurs patients. Au-delà des économies escomptées, il faudra bien continuer à soulager les malades. Car si les experts considèrent que les veinotoniques sont des médicaments de “confort“, il faut rappeler que ce sont pourtant les seuls traitements médicamenteux ayant fait la preuve de leur efficacité pour soulager la douleur qui accompagne les troubles veineux.
Depuis le 1er février, les veinotoniques ne sont donc plus remboursés qu’à 15 % par la sécurité sociale contre 35 % jusque-là.
Les mutuelles divisées sur la prise en charge
Dès aujourd’hui, les 85 % restants ne devraient pas être pris en charge par la majorité des mutuelles, la Mutualité française ( qui regroupe 98 % des mutuelles et couvre 6 Français sur 10) ayant appelé à ne pas prendre en charge les veinotoniques… Certaines mutuelles importantes comme la MGEN, la MNH, la Previade mutuouest ou la Mutuelle Générale ont suivi cet avis. Mais toutes ne sont pas sur la même ligne. A ce jour, les AGF et la SMPPN (société mutualiste du personnel de la police nationale) ont annoncé continuer à prendre en charge les médicaments veinotoniques (85 %). C’est également le cas de la Mutuelle Nationale Territoriale, de France Mutuelle, ou encore d’AG2R. Difficile pour l’assuré de s’y retrouver. C’est le moment de poser la question à votre conseiller si vous voulez savoir comment seront pris en charge vos prochains remboursements.
Le mois de février, une transition floue
Jusqu’au 1er mars, il sera encore possible de trouver des veinotoniques remboursés à 35 %. En effet, le mois de février correspond à une période de transition pour les pharmacies autorisées à écouler leurs stocks étiquetés avec des vignettes bleues, c’est-à-dire remboursés à 35 %. Précisément, l’arrêté du 17 janvier stipule que les pharmaciens d’officine pourront continuer à commercialiser pendant 4 semaines à compter du 1er février 2006 les unités de ces spécialités vignetées à 35 %. Ce qui nous mène au 1er mars.
Mais de leur côté, les grossistes répartiteurs ne pouvaient commercialiser les veinotoniques à vignette bleue que jusqu’au 1er février, date officielle de déremboursement à 15 %. Les pharmacies écouleront donc leur stock et quand les boîtes de veinotoniques à vignette bleue seront épuisées, ils vendront celles à vignette orange, remboursées seulement à 15 %. Conséquence : la date de changement de taux remboursement dépendra des stocks, et des pharmacies…
Si vous utilisez l’un des 62 veinotoniques concernés, le mois de février s’annonce bien flou et le taux de remboursement de votre boîte de médicaments risque de dépendre de la pharmacie dans laquelle vous allez la chercher et de votre complémentaire santé…
Hélène Jolly
* Arrêté du 17 janvier 2006 modifiant la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables aux assurés sociaux