Alors que les troubles du comportement alimentaire touchent environ 5% à 10% de la population, les mécanismes biologiques en cause restent méconnus. Des chercheurs français ont identifié l’implication d’une protéine produite par certaines bactéries intestinales. Une découverte qui pourrait déboucher sur des tests sanguins diagnostiques et de nouveaux traitements.
Des chercheurs de l’Unité Inserm 1073 révèlent l'implication d'une protéine produite par certaines bactéries intestinales qui serait à l’origine des troubles du comportement alimentaire.
Sommaire
- Identifier les mécanismes moléculaires des troubles du comportement alimentaire
- Le sosie de l’hormone de la satiété
- Un appétit variable en fonction de la présence de la protéine bactérienne
- Vers un test sanguin des troubles du comportement alimentaire ?
- Un nouvel espoir de traitement des TCA
Identifier les mécanismes moléculaires des troubles du comportement alimentaireL’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie sont des troubles du comportement alimentaire (TCA). Si l’on ajoute les formes moins bien définies ou atypiques, les TCA concerneraient 15-20 % de la population, en particulier chez l’adolescent et l’adulte jeune.
Malgré différentes études psychiatriques, génétiques ou neurobiologiques, le mécanisme moléculaire à l’origine de ces troubles reste mystérieux. La caractéristique commune aux différentes formes de TCA est la dérégulation de la prise alimentaire, diminuée ou augmentée selon les cas.L’équipe de Sergueï Fetissov de l’Inserm dirigée par Pierre Déchelotte, étudie les liens entre l’intestin et le cerveau qui pourraient expliquer ce dérèglement.Le sosie de l’hormone de la satiétéLes chercheurs ont identifié une protéine qui s’avère être le sosie de l’hormone de la satiété (mélanotropine). Cette protéine (ClpB) est fabriquée par certaines bactéries telles qu’Escherichiacoli présentes naturellement dans la flore intestinale. En présence de la protéine, des anticorps sont produits par l’organisme et dirigés contre celle-ci. Ils vont aussi se lier à l’hormone de la satiété car elle lui ressemble. Résultat : l’effet satiétogène de l’hormone est modifié. La sensation de satiété est atteinte (anorexie) ou n’est plus atteinte (boulimie-hyperphagie). Par ailleurs, la protéine bactérienne apparait elle-même avoir des propriétés anorexigènes.Un appétit variable en fonction de la présence de la protéine bactériennePour aboutir à ces résultats, les chercheurs ont modifié la composition de la flore intestinale de souris pour étudier leur réponse immunologique et comportementale. La prise alimentaire et le taux d’anticorps contre la melanotropine du 1er groupe de souris, ayant reçu des bactéries E.coli mutées (pas de production de ClpB), n’ont pas changé. Au contraire, le taux d’anticorps et la prise alimentaire varient pour le 2ème groupe d’animaux ayant reçu des E. coli produisant des protéines ClpB.Vers un test sanguin des troubles du comportement alimentaire ?L’implication probable de cette protéine bactérienne dans les troubles du comportement alimentaire chez l’homme a été établie grâce à l’analyse des données de 60 patients.L’échelle standardisée “Eating disorders inventory-2“ a permis le diagnostic des patients et l’évaluation de la sévérité de leurs troubles à partir d’un questionnaire sur leurs comportements et leurs émotions (envie de maigrir, boulimie, peur de la maturité…). Les taux plasmatiques d’anticorps dirigés contre ClpB et la mélanotropine sont plus élevés chez ces patients. De plus, leur réponse immunologique va déterminer le développement des troubles alimentaires vers l’anorexie ou la boulimie.“Nous travaillons actuellement au développement d’un test sanguin basé sur la détection de la protéine bactérienne ClpB. Si nous y arrivons, il permettrait la mise en place de thérapies spécifiques et individualisées des troubles du comportement alimentaire“ soulignent Pierre Déchelotte et Sergueï Fetissov, auteurs de cette étude.Un nouvel espoir de traitement des TCACes données valident ainsi l’implication de la protéine bactérienne dans la régulation de l’appétit et ouvre de nouvelles perspectives de diagnostic et de traitement spécifique des troubles du comportement alimentaire.En parallèle, les chercheurs étudient chez la souris comment corriger l’action de la protéine bactérienne pour empêcher la dérégulation de la prise alimentaire qu’elle engendre. “D’après nos premières observations, il serait en effet possible de neutraliser cette protéine bactérienne par des anticorps spécifiques sans affecter l’hormone de la satiété“ concluent-ils.Click Here: camiseta river plate