Grippe A : l'OMS a-t-elle surestimé la menace ?

Ce matin, les représentants de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des fabricants européens de vaccins étaient entendus lors d’une audition parlementaire publique au Conseil de l’Europe. L’assemblée s’est tenue à Strasbourg suite à la demande de la Commission des questions sociales, de la santé et de la famille. Conflits d’intérêts et exagération de la menace pandémique ont été au centre du débat. Intitulée “la gestion de la pandémie H1N1 : faut-il davantage de transparence ?“, l’audition de ce matin avait pour objectif de clarifier la gestion de la pandémie de grippe A par l’OMS, et plus particulièrement l’éventuelle influence qu’aurait exercé l’industrie pharmaceutique. En effet,

Wolfgang Wodarg, ancien député allemand socialiste et ex-président de la commission santé, accuse l’organisation onusienne d’avoir fait appel à des experts ayant des liens étroits avec les laboratoires. Selon lui, la menace de la pandémie de grippe A a été exagérée pour profiter aux industriels du médicament.  

Le Dr Keiji Fukuda, numéro deux de l’OMS et conseiller spécial sur la grippe H1N1 s’est défendu de ces critiques. “La politique et les mesures recommandées et prises par l’OMS n’ont pas été indûment influencées par l’industrie pharmaceutique“, a-t-il affirmé. Pourtant le Dr Fukuda a bien reconnu que certains experts siégeant à l’organisation sanitaire internationale ont bien des contacts avec l’industrie pharmaceutique. Ce matin, le journal Le Parisien a d’ailleurs publié une enquête qui révèle qu’au moins

six experts de l’OMS ont des liens d’intérêts “avérés“ avec l’industrie pharmaceutique. “Même s’ils affirment leur indépendance, leurs relations avec les laboratoires entretiennent les soupçons sur l’impartialité de leurs décisions au sein de l’OMS“, indique le quotidien. Le Parisien a également enquêté sur le

comité de lutte contre la grippe qui a guidé Roselyne Bachelot dans ses prises de décision. Selon le journal, seuls 2 des 17 experts de ce comité “n’ont aucun lien d’intérêt avec les firmes“ pharmaceutiques. Keiji Fukuda a assuré ce matin que l’OMS dispose d’un système de contrôle des conflits d’intérêts “fort et complet“. Les experts sont tenus de déclarer leurs liens avec les laboratoires, mais ces liens ne remettent pas en cause leur “indépendance“, selon le conseiller de l’OMS. “Si un expert nous a délibérément dissimulé ses collaborations extérieures, s’il nous a menti, il sera sanctionné“, a par ailleurs confié Keiji Fukuda au Parisien. En réponse aux accusations d’exagération de la menace pandémique, le Dr Fukuda affirme que “dire que la pandémie est “fausse“ revient à ignorer l’histoire récente et la science et à banaliser la mort de 14 000 personnes“. Il a néanmoins confirmé que la définition d’une “pandémie“ avait bien été modifiée début 2009. Depuis, les critères de “sévérité“ ainsi que le taux de mortalité ne rentrent plus en ligne de compte dans la définition des pandémies. Mais selon Keiji Fukuda, ces deux éléments sont très difficiles à prévoir au départ. Et “aujourd’hui, nous ne savons toujours pas l’impact de la pandémie puisqu’elle n’est non seulement pas terminée mais le bilan réel des décès ne pourra être établi que dans un ou deux ans“, a-t-il précisé. Alors que le débat est loin d’être terminé, Maury Pasquier, présidente de la Commission des questions sociales, de la santé et de la famille, a annoncé que les parlementaires européens continueraient à travailler sur le sujet dans le cadre d’un rapport sur la gestion de la grippe A. La création ainsi que les conditions de mise en place de ce rapport devraient être confirmés ce vendredi. Sarah LaînéSource :Audition publique et conférence de presse au Conseil de l’Europe – 26 janvier 2010Le Parisien – 26 janvier 2010Click Here: cheap all stars rugby jersey